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Petit manuel de la pensée spéciste

La pensée spéciste domine dans la société humaine. Elle se perpétue au travers de nombreux processus sémantiques et de tours de passe-passe idéologiques et casuistiques. Petit tour d’horizon.

Que veut dire le spécisme ?

Le spécisme fonctionne exactement comme le racisme, idéologie qui consiste à déterminer des lignes arbitraires qui séparent les “vrais” humains — qui ont droit à la vie et à la liberté — des “moins humains” ou “pas humains” ou “sans âme”, qui ne méritent ni la liberté, ni la vie.

Depuis la naissance des civilisations, les sociétés humaines ont utilisé des critères discriminants tels que la couleur de peau, la religion, le sexe, la géographie, l’ethnie, pour tracer ces lignes. Plus subtile, la notion de caste a permis de déterminer qui a des droits et qui n’en a pas au sein d’une même société sans nécessairement s’appuyer sur des critères physiques, ce qui permet à des constructions sociales plus subtiles et plus hiérarchisées d’émerger. Ainsi les systèmes de castes se basent-ils sur des critères de lignée sociale encodés et rationalisés par la culture. La plupart du temps les racismes se construisent à la fois sur une combinaison de critères visibles (couleur de peau, sexe) et de critères invisibles (origines sociales, religion, opinions…).

Subtiles (castes) ou grossières (apparence physique, sexe, religion…), ces lignes servent à légitimer l’exploitation d’une partie de la société sur l’autre.

Le spécisme se construit sur ces principes. Il s’appuie sur des critères qui servent l’espèce dominante et conquérante : les humains. Il désactive le filtre moral pour légitimer la domination et l’exploitation des non-humains. Il organise les espèces non-humaines suivant des hiérarchies liées à des intérêts économiques, souvent érigés en traditions culturelles. Il dépersonnifie les êtres vivants au moyen de processus sémantiques, de croyances collectives, de codes sociaux (traditions, gastronomie…) et de lois ségrégationnistes.

Je vous propose d’examiner quelques uns de ces mécanismes.

La chosification

“Chosifier” (ou réifier) un être consiste à renier tout ce qui constitue en tant que tel — sa personnalité, sa sensibilité, son histoire, sa subjectivité, son intelligence, sa présence, ses relations sociales, ses qualités et défauts, ses richesses… — pour en faire une simple chose. Par un tour de passe-passe sémantique, l’être chosifié s’efface de notre conscience intersubjective. Nous pouvons nous l’approprier suivant nos besoins sans passer par le filtre moral qui ne s’applique qu’aux êtres vivants.

Il existe un mot magique pour chosifier le vivant : le mot ressource. Ne parle-t-on pas dans le monde du travail des ressources humaines ? En économie, le terme ressources naturelles qualifie autant les matières premières minérales que les formes vivantes telles que le bois, les animaux marins et terrestres… En les déclarant comme ressources, nous prononçons le mot magique qui les fige en choses, et qui fait de nous des dieux qui en disposent à merci.

La chosification joue un rôle central dans la pensée spéciste. Elle commence par le mot “viande”. Manger de la viande évite de dire des choses comme “manger une vache ou un lapin”. S’y associe toute une taxonomie permettant de dire qu’on absorbe une substance plutôt qu’un être. Manger du bœuf évite de dire “manger Lucie”, la vache qui paissait tranquillement, avec qui on aurait pu développer un lien d’amour et de complicité. Manger du poulet évite de dire “dévorer Justine”, la poule avec qui on aurait fait de gros câlins si on avait vécu ensemble. On ne mange pas ses amis, aussi vaut-il mieux stopper en amont toute source d’affection. Les mots spécistes en général, et la chosification en particulier, s’en chargent très bien.

La pensée spéciste dispose d’une pléthore de substances et de textures issues de la chosification : jambon, fromage, lait, œuf, beurre, pâté, saucisson, gélatine, laine, cuir… En boucherie, les bouts de cadavre offerts à notre voracité se présentent sous forme d’objets vidés de leur vérité, rendus sympathiques et ludiques à notre imaginaire, prêts à cuisiner : tranches, nuggets, steak, rôti, bourguignon, pot-au-feu, saucisson, escalope… D’autres mots magiques efficaces pour oblitérer l’horreur infligée aux animaux. Quant aux marques et aux labels, ils rivalisent d’ingéniosité pour déployer leurs propres écrans de fumée : Vache qui Rit, Jambon d’Aoste, Babybel, poulet de Loué, jambon de Parme, Camembert, Big Mac, et j’en passe.

Alors que dans le ventre de hangars lugubres gémissent des dizaines de millions de poules “pondeuses”, on se limite à parler de “tonnes d’œufs” ou du “prix au kilo” de la volaille. Alors que les hurlements de douleur des cochons immobilisés dans leurs cage, alors que meuglent des vaches terrifiées entassées dans les camions qui les mènent aux abattoirs, on discute le “cours” du jambon ou du lait, on attribue tel ou tel label de qualité. Pendant ce temps, la PAC négocie les subventions aux éleveurs qui, eux-aussi, vivent sous perfusion. Partout la vie devient chose.

L’interview ci-dessous vous en donnera un exemple saisissant. Ça se passe dans un “élevage” de poules entassées dans les conditions ignobles et pourtant légales de l’élevage industriel. Nulle question de bien-être, on y parle de réduction des antibiotiques pour réduire les coûts d’exploitation de “poulets de chair”.

L’anthropomorphisme et la société du mensonge

Partout les marques commerciales construisent leurs pubs hyper-dopées à l’anthropomorphisme. Elles se déroulent exclusivement dans un entre-soi humain, ce qui permet d’oblitérer complètement ce que l’on a infligé aux animaux, qui n’existent tout simplement plus.

Et si on y ajoutait des enfants ?

Ou des amoureux…

… et tout va bien dans le meilleur des mondes… humains, bien sûr.

Un autre subterfuge consiste à humaniser les animaux, à leur faire faire des choses qui n’ont rien à voir avec leur réalité à eux, ni avec la réalité tout court. Appréciez par exemple ces gentilles poules qui adorent danser pour nous offrir leurs merveilleux “filets cuisson express”…

Ou bien la Vache qui Rit qui se marre tout le temps dans ce somptueux banquet pour ses potes, y compris la méchante chèvre :

 

Les subterfuges éthiques du spécisme

La doxa spéciste ne fait pas que se construire sur des éléments de langage ou sur une vision du monde verrouillée dans son anthropomorphisme exclusif. Elle s’auto-justifie par une pseudo-éthique dans laquelle la détection des subterfuges demande beaucoup de vigilance. Je vais tenter d’en débunker quelques uns.

Le capacitisme

Le subterfuge le plus classique consiste à lier capacités et considération, ce qui a pour conséquence une différence de droits. Une vache ne sait ni lire ni écrire ? Elle vaut moins que nous. Un poisson ne sait ni jouer du piano ni conduire ? Il vaut moins que nous. La doxa dominante veut qu’on mette en avant les capacités exclusivement humaines qui font défaut aux non-humains pour en déduire que nous valons mieux qu’eux, ce qui alors nous donne un droit de vie et de mort sur eux.

Pour comprendre le subterfuge du capacitisme, il nous faut d’abord approfondir les deux autres termes que je viens d’introduire : le droit, et la considération.

Je commence par la considération. La considération donne à l’autre son statut de sujet. Pourquoi ? Parce qu’on le considère comme tel, tout simplement. Cette considération ne dépend en rien des capacités de l’autre. Elle repose sur des droits dits fondamentaux et inaliénables qu’on ne peut lui ôter, ce que font les Droits de l’Homme. Ces derniers jouent précisément ce rôle de barrière protectrice et infranchissable. On peut voir les Droits de l’Homme comme l’un des piliers fondateurs des sociétés modernes, dites aussi sociétés de droit.

Parlons maintenant du droit. Il existe en effet différents types de droits. Je vais me limiter ici aux deux catégories essentielles : les droits fondamentaux, et les droits acquis. Les droits fondamentaux qualifient les droits inquestionnables et inaliénables de la personne : le droit de vivre, le droit à la dignité, le droit à l’accès aux soins, le droit à l’éducation, à la libre expression, etc. Quant aux droits acquis, il faut répondre à certains critères pour y accéder. Je ne peux conduire une voiture que si j’obtiens le permis conduire. Je ne peux voter qu’à partir de 18 ans, dit “âge de raison”. Je ne peux exercer la médecine que si je démontre mes capacités à apprendre beaucoup de choses et pratiquer des actes complexes liés à cette discipline, etc. Autant de droits que je puis acquérir suivant certaines conditions. La plupart du temps, elles se rapportent à des capacités reconnues par la société. On voit donc qu’il y a droit et droit : droits fondamentaux, et droits acquis. Si vous voulez creuser le sujet, je vous invite à lire mon article “Au-dessus des lois ?

J’en viens donc au capacitisme. Il relève d’une idéologie construite sur une discrimination des êtres, une valeur différente qu’on leur accorde basée sur leurs capacités. En conséquence, cela altère non seulement leurs droits acquis, mais également leurs droits fondamentaux, et donc leur considération. Les humains s’auto-valorisent en mettant leurs propres capacités en avant – langage, abstraction, technologie, etc – et on rabaisse les animaux qui, eux, n’ont pas ces capacités spécifiques. Peu importe qu’ils en aient d’autres. Cela permet en conséquence de les priver de toute considération et donc, de ne leur ôter tout droit fondamental.

Le capacitisme s’oppose au principe même de la considération. Socle de toutes les idéologies suprémacistes, il va même jusqu’à s’inventer des critères imaginaires. La société patriarcale a inventé une intelligence des hommes supérieure à celle femmes. La société raciste a inventé des capacités liées à la couleur de peau. On peut donc choisir n’importe quelle variable, réelle ou imaginaire, pour priver de leurs droits fondamentaux et de toute considération toute une partie de la société des êtres vivants, humains comme non-humains. Et ce, bien sûr, à l’avantage de ceux qui énoncent les critères discriminatoires. Le capacitisme se trouve au cœur même du racisme, du sexisme, de l’homophobie, de la xénophobie, et bien sûr, du spécisme.

Voilà exactement là où le bât blesse aujourd’hui. Dans le meilleur des cas, les sociétés de droit modernes n’appliquent la considération que dans un entre-soi humain, socle de l’humanisme. Une belle étape dans le développement humain, l’humanisme ! Mais ce faisant, il a également a construit un véritable apartheid vis-à-vis des autres espèces qui peuplent notre planète. Lorsqu’il s’agit des non-humains, nos sociétés versent dans une idéologie suprémaciste et barbare, légitimée par un capacitisme dont la violence et l’arbitraire semblent n’avoir aucunes limites.

Our education system
“Pour une sélection équitable, chacun doit suivre le même examen : s’il vous plaît grimpez dans cet arbre.”

J’entends beaucoup de gens qui utilisent le critère de l’évolution pour légitimer le capacitisme et le suprémacisme envers les animaux. Notre espèce n’a-t-elle pas dominé le monde ? L’Homme ne représente-t-il pas le pinacle de l’évolution ? Ne réalise-t-il pas ce qu’aucune autre espèce n’a réussi ? Quelle espèce a réussi à envoyer des gens sur la Lune, ou à démontrer le théorème de Pythagore ?

Bien sûr, qui pourrait le nier ?

Mais alors, si notre espèce avait une telle avance évolutionnaire, ne déciderait-elle pas de prendre soin des animaux, des plus faibles et des sans-voix plutôt que de les exterminer ? La violence et la domination ne relèvent-elles pas précisément d’une barbarie et d’un manque flagrant d’humanité et de maturité ?

On a encore du travail.

Philip Wollen nous donne un exemple émouvant de cette reliance et de cette compassion dans un discours devenu célèbre :

Et comment ne pas se sentir touché par le témoignage poignant de cet ancien éleveur devenu protecteur des animaux, avec sa famille ?

La soi-disant différence de capacité, d’essence ou que sais-je, ne tient plus dès lors qu’on ouvre son cœur. On prend conscience que dans le corps d’une vache, d’un cochon, d’un hippopotame ou d’un rat, il y a un être. Un être unique, doué de sensibilité, animé d’une intelligence spécifique, possédant une personnalité, une subjectivité, une sensibilité, une histoire. Cette reliance empathique peut même se vivre avec des superorganismes comme des fourmilières, des bancs de poissons ou des forêts. On peut en faire l’expérience avec les insectes, ces “moins que rien” que nous écrabouillons à la moindre gène.

Tout ceci n’a rien à voir avec de l’anthropomorphisme, je ne fais pas ici du Walt Disney. Au contraire, il s’agit d’une sortie de son petit soi humain, de son donjon anthropomorphique, pour se relier à une autre corporalité, à une autre subjectivité, à une autre histoire, à une autre conscience. Alors nous résonnons à l’unisson d’une expérience commune : la vie. Ce vécu empathique et compassionnel éteint le fantasme de tuer ou de dominer. Il ne laisse qu’une seule envie, celle de nous relier.

Tant que la société humaine et ses empires n’aura pas su s’émanciper de son apartheid envers les non-humains, tant que nous n’aurons pas ouvert notre cœur envers nos frères et sœurs à pattes, à ailes, à fourrures, à plumes, à écailles, la pensée spéciste perdurera, avec son cortège d’horreurs. Elle continuera d’appliquer son droit brutal et sanguinaire, légitimant toutes les formes d’esclavage, de torture et d’extermination.

Cette souffrance, l’humain se l’inflige à lui-même au nom des mêmes principes de domination. Aimer les animaux implique d’aimer l’humain. Prendre soin des animaux implique de prendre soin des humains.

La vaine recherche des preuves

Il n’y a rien qui prouve l’égalité ou l’inégalité des humains entre eux. Il s’agit d’un choix issu d’une expérience de reliance et de compassion.

Il n’existe rien non plus qui prouve l’égalité ou l’inégalité des humains et des animaux. Cela naît là encore d’un choix que seule une expérience profonde de reliance et de compassion peut motiver.

Pourtant une grande partie du débat spéciste/antispéciste s’épuise sur le terrain de la preuve. La thèse spéciste tente de démontrer l’infériorité des animaux en énumérant des capacités que nous avons et qu’ils n’ont pas. La thèse antispéciste fait exactement le contraire. Elle répond souvent naïvement en mettant en avant des qualités communes que les animaux ont en commun avec nous, en y ajoutant les qualités qu’ils ont et que nous n’avons pas. Revoici notre bon vieux biais de confirmation en action, avec la même faiblesse intellectuelle des deux côtés.

La sortie du spécisme, comme du racisme, du sexisme, de l’antisémitisme ou de l’homophobie ne repose pas, et ne reposera jamais sur la preuve. Elle se construit sur une expérience, celle de la reliance et de la compassion avec l’autre.

Pour autant, il faut déconstruire de nombreux mensonges et de nombreuses croyances, ce qui relève d’une toute autre démarche que celle de la preuve. Prenons quelques exemples d’affirmations (parmi des dizaines) qu’on retrouve dans la pensée spéciste :

  • l’Homme règne au-dessus des autres espèces, il a donc tous les droits sur elles
  • omnivore, l’Homme mange de tout, par conséquent il doit manger des animaux
  • on a besoin de protéines animales pour vivre en bonne santé
  • l’Homme fait partie des prédateurs, il y a un ordre naturel du monde qu’il faut respecter
  • Croissez et multipliez“, Dieu nous a dit de conquérir le monde et a mis les animaux à notre disposition
  • il faut respecter les traditions (culinaires, corrida, chasse, etc)

Ces affirmations ne constituent en rien des preuves. Tout comme l’esclavage ou le patriarcat, on peut leur trouver une explication historique, mais elles ne s’appuient en rien sur des faits vérifiables ou sur une quelconque rationalité. Il ne faut donc pas beaucoup d’efforts pour les déconstruire. Mais on sait combien les croyances, le conformisme et les habitudes ont la vie dure. Un dialogue socratique peut aider à s’en affranchir, même si dans mon expérience la plupart des gens bottent en touche. Il se prennent vite les pieds dans leurs propres contradictions au bout de deux ou trois question, ce qui n’a rien de très agréable.

La novlangue spéciste

La novlangue, si bien mise en scène dans le fabuleux roman “1984” de George Orwell, se fonde sur plusieurs principes destinés à limiter la pensée des masses et imposer la doctrine du pouvoir comme seule et unique vérité. Elle simplifie et dévitalise la pensée en supprimant du dictionnaire tous les mots qui peuvent nuancer, pervertir ou contrecarrer la doctrine de l’État. Au lieu d’opposer “mauvais” à “bon”, avec toutes les nuances qu’on peut trouver, on supprime le mot “mauvais” pour le replacer par “nonbon”. Un autre principe consiste à associer des mots contradictoires pour légitimer à peu près tout ce qu’on veut. “La guerre, c’est la paix. La liberté, c’est l’esclavage. L’ignorance, c’est la force.”, dit le Ministère de la Vérité.

Le langage spéciste a lui-aussi sa novlangue qui se construit sur des associations impossibles. Prenons par exemple le “bien-être animal”, largement employé en élevage. Un jour cela nous semblera aussi choquant et antinomique que de parler du “bien-être des esclaves”. Pour l’heure, la société d’aujourd’hui ne se questionne pas sur ce terrifiant contresens. Et que dire d’un être “tué humainement” ? Peut-on tuer humainement ? Peut-on réellement faire preuve d’humanité envers un être qu’on va exploiter toute sa vie durant, pour l’exécuter ensuite ? L’aime-t-on vraiment cet être, ou n’aime-t-on pas plutôt le narratif socialement acceptable qu’on a envie d’entendre pour étourdir sa conscience ?

Personne ne nie bien sûr qu’une différence forte existe entre un petit éleveur qui prend grand soin de ses esclaves non-humains et le massacre généralisé de l’élevage industriel. Mais peut-on parler de compassion lorsqu’on “prend soin” d’une créature uniquement pour ce qu’elle peut nous rapporter, et non pour elle-même ?

Ainsi entendons-nous des éleveurs bien s’occuper de leurs bêtes dans leurs exploitations. Éleveur au sens de “faire pousser”, cultiver. Bien s’occuper, au sens de les garder en vie, de les nourrir pour en tirer le meilleur profit. Leurs, parce que l’éleveur représente leur maître ou leur propriétaire, sous le régime des biens. Exploitation car, oui, on exploite. Mais dans la novlangue, on exploite avec amour.

Le vérité dite à Kermitt la grenouille

Pour conclure

On pourrait écrire un livre entier sur la pensée spéciste qui domine la société humaine aujourd’hui. Il contiendrait tout ce que la sociologie a déjà écrit sur les mécanismes de domination qui conduisent aux génocides et autres atrocités. A chaque fois, on retrouve une sémantique d’auto-justification construite sur des pseudo-preuves, qui nourrit des codes sociaux destinés à activer la domination de l’autre. Et ça tombe bien, ce petit livre existe. Il s’appelle “Le mépris des bêtes” aux Presses Universitaires de France, que je vous recommande sans réserve.

J’espère avoir pu partager un petit bout de mon regard qui tente de prendre un peu de recul et d’imaginer un monde libéré de ces prismes barbares et archaïques.

Le monde que nous voulons doit offrir un vivre ensemble à tous les êtres qui le composent, sinon il périra. Commençons à l’inventer en dépoussiérant les vieilles langues qui le perpétuent. Allez jeter un coup d’œil sur mon petit dictionnaire spéciste, et voyez si vous pouvez vous en affranchir.

Et qui sait, peut-être aurez-vous envie de faire une Marche des Animaux, comme l’a faite Charlotte Arnal ?

jf

There are 3 comments on this post
  1. Dom GDziD
    mars 10, 2020, 10:44 am

    Pourquoi arrêter le spécisme à la vie animale?

    Remplaçons dans ce texte, le terme “animal” par “végétal”…

    Quel type de “vie” est “digne” d’être protégée ?…

    Qu’en penser ?

    Notre réflexion ne serait-elle pas, “tout simplement”, limitée par nos attachements et nos peurs… ?

    Le monde dans le quel nous “agissons”, de mon point de vue, limité, cela va sans dire (!), est une création purement mental qui est le reflet de notre évolution de conscience.
    Et je vois notre “ouverture”, plus ou moins grande, de conscience, directement en relation avec notre niveau d’attachements et de peurs… C’est lui, qui limite notre “ouverture”, tel le diaphragme d’un objectif, qui va laisser passer plus ou moins de “lumière”…!
    Dans la tradition yogique, mais pas que (!), l’être dit “libéré” est celui qui n’a plus “d’attachement”… Celui, qui est précisément “libéré” de tous ses attachements et peurs… de tous ordres: matériel, émotionnel, mental et psychique…
    On le-la qualifie également “d’éveillé-e”, à la Lumière de la pleine Conscience, illimitée.

    Actuellement le “véganisme” met le focus sur la vie animale et met de côté la vie végétale.
    Il y a indubitablement une évolution, mais, fondamentalement, existe-t-il une différence aussi radicale, qu’ils-elles le disent, entre les “carnivores” et les “végans”?… 😉

    • mars 13, 2020, 12:54 pm

      Bonjour, merci pour votre commentaire et les questions pertinentes que vous soulevez. Sur le fond, je vous rejoins complètement. Nous n’arriverons de toute façon jamais à créer des lignes mentales qui définissent quelle forme de vie a le droit de vivre, et laquelle mérite de finir dans nos estomacs. Il y aura toujours un “isme” quelque part qui montrera que nos choix se basent sur une limite mentale, elle-même définie pas les croyances et les représentations de l’époque dans laquelle nous vivons. Ma conscience la contemple, cette époque, avec autant de compassion et de détachement que possible. J’y manifeste mes choix avec le langage d’aujourd’hui. Le détachement relève d’une posture intérieure, de la capacité d’aimer inconditionnellement le monde tel qu’il existe, de savoir dire “non” et de s’élever pour ce qui semble juste, sans haine mais avec détermination. Le détachement ne s’oppose nullement au fait de déconstruire les mécanismes qui perpétuent l’ignorance, la séparation et le rejet de l’autre, ce que je tente de faire dans mes travaux et mes actions. Il y a selon moi un monde meilleur lorsqu’il y a égalité absolue des hommes et des femmes, égalité absolue de tous les humains. Il y a aussi un monde meilleur lorsqu’on apprend à considérer les autres êtres sentients qui ont un corps qui fonctionne à peu près comme le nôtre, pourvu d’un système nerveux central, et d’un espace émotionnel similaire. On élargit encore le cercle mental de compassion.

      Je vis depuis longtemps des expériences spirituelles profondes avec les plantes et le monde végétal. Je les aime du plus profond de mon être. Autant que j’aime aussi ce petit peuple invisible et microscopique qui rend les sols et la terre vivants, ainsi que les insectes, etc. Dans mon expérience, la conscience des plantes ne se trouve pas tant dans leur être physique (la fleur, l’herbe, l’arbre, le champignon…) que dans leur essence. Une conscience “liquide” en quelque sorte, distribuée, tout comme il y a une conscience distribuée qui parcourt nos cellules. Il y a une conscience “forêt”, il y a une conscience des roses et du gui, des cactus et des chênes. Le vivant en général construit des densités et des répartitions très hétérogènes de conscience. Cela relève d’une erreur que de faire des projections “corpomorphiques,” autrement dit de croire que dans le corps d’une plante il y a une conscience individuée installée comme dans nos corps animaux. Bien sûr ce que je vous dis là ne relève d’aucune validation scientifique, la science matérialiste pensant souvent que la matière “produit” la conscience (immanence), alors que tout méditant fait l’expérience subjective d’une conscience transcendante, qui se densifie plus ou moins suivant les êtres et les circonstances.

      Aujourd’hui je me nourris des plantes en tentant de ne pas attaquer l’intégrité du corps-liquide-conscience de l’essence des plantes. Chose difficile à réaliser, plus encore à expliquer. Je peux là-encore donner des explications mentales qui ne feront pas justice à l’expérience de reliance. Les bouddhistes et la grande majorité de ceux qui ont développé la compassion décident de ne plus tuer d’êtres sensibles. Quant à moi, partout où je pourrai éviter de créer de la souffrance, je le ferai. Cela commence par l’assiette. Il n’en reste pas moins que dans la physique du monde d’aujourd’hui, une humanité végane contribuera à rétablir les écosystèmes et à réensauvager le monde, là où une humanité carnivore n’a aucune chance avec les 70 milliards d’êtres terrestres qu’elle élève et extermine chaque années, et les 1000 milliards d’êtres marins qu’elle extrait des océans pour les exterminer aussi. Devenir végan a pour conséquence de restaurer les écosystèmes en libérant les terres détruites par l’élevage intensif, et de laisser la vie marine se développer. Aujourd’hui, boire du lait a pour conséquence de détruire la forêt amazonienne. Alors oui, il y a une physique de la compassion, des applications pratiques liées aux époques dans lesquelles on vit.

      J’espère avoir répondu.

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