La recherche en intelligence collective, comme vous le savez, s’intéresse à tous les aspects de la vie sociale. Il y en a un qui me tient particulièrement à cœur : l’alimentation. En effet, ce qui atterrit dans notre assiette découle d’un processus collectif qui met en jeu les écosystèmes, les animaux, les plantes, beaucoup d’humains, et beaucoup de technologie.
Intelligence collective au niveau de l’aliment, d’abord, car ce dernier porte en lui un maillage extraordinairement complexe de vie, de mort, d’actions, de vécu, depuis sa naissance jusqu’à notre assiette. Intelligence collective encore, par la cuisine que nous mangeons, qui fait partie des piliers de toute culture. Intelligence collective ensuite, dans le fait même de manger. Le repas représente un espace de partage et de convivialité universel, présent dans toutes les cultures depuis la nuit des temps. Que se joue-t-il dans notre psyché lorsque nous mangeons ? Que vit notre espèce, que vit la planète, au cours des milliards de repas qui se déroulent chaque jour ? Intelligence collective, enfin, à cause des croyances et de l’ignorance qui hantent chaque société et chaque humain quant à l’alimentation. Tout me montre que cette ignorance joue un rôle actif dans la genèse et l’homéostasie de chaque culture. Cela pose une fois de plus la question de la vérité dans le collectif.
Quelle alimentation ?
Il fallait bien démarrer de quelque part pour engager cette longue investigation. J’ai commencé avec cette question toute simple qui me sert de fil directeur depuis le début :
Quelle alimentation offre une pleine santé tout en faisant du bien au vivant en général ?
Réponse rapide : certainement pas celle qui remplit nos assiettes aujourd’hui.
Cela fait des années que je l’explore cette seule question, autant sur le plan théorique –santé, nutrition, environnement– que sur le plan personnel, à savoir ce qui se transforme en moi lorsque je fais évoluer mon alimentation.
Quelle santé ?
Qu’appelle-t-on la santé ? J’entends souvent : “le fait de n’avoir aucune maladie“. Réponse quelque peu automatique, qui se concentre uniquement sur l’individu. On peut n’avoir aucune maladie biologique, et pour autant avoir une santé calamiteuse du fait d’une mauvaise hygiène de vie, ou d’une vie psychique, sociale ou spirituelle pauvre. Qu’il s’agisse du corps, du mental ou de l’esprit, on voit vite que la santé se joue autant dans l’individu que dans le collectif, et que le regard que nous lui portons se trouve chargé de culture et de postulats inconscients.
Que se passerait-il si…
… les humains se mettaient à manger en conscience ?
Voilà une autre question que je contemple souvent. Il y aurait bien sûr des conséquences extrêmement positives sur la santé et l’écologie, assez faciles à extrapoler. Les transformations à l’intérieur de nous-même m’interpellent plus encore, car la conscience marche main dans la main avec la façon dont on s’alimente.
Pour ma part, manger sainement et en conscience m’a dirigé vers une alimentation végétarienne d’abord, végétalienne ensuite, peu grasse, sans gluten, en grande partie crue. On parle d’alimentation vivante, et, dans ce cas plus précis, du régime 80-10-10. Il semble que cette alimentation réponde à toutes les questions posées plus haut :
- sur le plan écologique, elle développe les écosystèmes, car il faut planter des arbres ; elle réduit considérablement l’empreinte écologique (eau, carbone, pollution…) ;
- sur le plan de la santé individuelle, après avoir exploré de nombreux régimes et cuisines différents, je n’ai jusqu’à présent rien connu de meilleur que l’alimentation vivante. Le corps fonctionne mieux. L’équilibre qu’il installe le dote d’un système robuste de défense (je ne tombe pratiquement jamais malade), il gagne en énergie, en vivacité, en endurance, en sommeil, en sexualité. Idées et pensée s’éclaircissent, les heures de sommeil diminuent, la conscience prend du champ. Corps, mental, esprit… chaque plan en bénéficie ;
- au niveau sociétal, cette cuisine engage une relation harmonieuse avec notre environnement et avec nous-mêmes.
Je ne dis pas que l’humanité devrait passer à ce régime alimentaire spécifique, la question de l’alimentation relève d’un nombre bien trop élevé de paramètres pour se laisser circonscrire dans une réponse simpliste. De plus, je n’adhère pas aux systèmes qui veulent enfermer tous les humains dans un modèle comportemental unique qu’ils devraient suivre pour que la société marche. Cette conception se trouve à la racine de tous les “ismes” de la société industrielle, on en connaît les résultats. Par ma propre expérience individuelle, j’essaie juste de débusquer quelques principes universels qui pourraient avoir des conséquences intéressantes, et ce dans paysage plus vaste de paramètres et de comportements.
L’ignorance comme principe actif
L’alimentation offre à mes recherches un extraordinaire espace d’observation sur les principes actifs qui provoquent et entretiennent l’ignorance et les croyances dans la société. Je les oppose aux principes passifs desquels découle l’ignorance par simple absence de connaissance.
Par exemple les gens m’expliquent souvent qu’on peut difficilement survivre sans protéines animales. Ils affirment avec une certitude absolue que nous avons un métabolisme de carnivores, et que les végétaux ne contiennent pas de protéines. Ont-ils sérieusement exploré d’autres perspectives que ce que leur impose la doxa ? Rarement.
A ces croyances erronées s’ajoute l’obscurantisme ontologique, à savoir l’usage de mots et de catégories sémantiques qui nous séparent de la façon dont la réalité fonctionne et de l’empathie avec les autres êtres vivants. Prenons le mot “viande” par exemple. Ce dernier chosifie le vivant en le rabaissant au même niveau que les matières inertes et minérales. Même chose lorsqu’on dit manger “du poulet” ou “du poisson”, ou qu’on fait un “élevage de bœuf”. Plus rien ne nous relie à la toile de la vie. La chosification fait partie des mécanismes ontologiques destinés à entretenir la séparation avec une réalité plus vaste et plus évoluée, celle de la vie.
Plus intéressant encore : même si pas mal de gens savent que leur alimentation ne leur fait pas du bien, combien d’entre eux décident d’évoluer ? Une infime minorité. La majorité continue dans son addiction habituelle, gorgée de ses certitudes. Au changement radical, cette majorité préfère les médicaments, les maladies cardiovasculaires, l’hôpital et toute la victimologie associée. Quelle force de dépendance et de croyance tient à ce point l’individu enfermé dans sa petite prison, au détriment même de sa propre vie ? La discipline de l’intelligence collective nous permet de bien comprendre cette équation. Cela fera l’objet d’autres écrits.
En attendant, l’humanité trempe dans son jus obscurantiste et son ignorance crasse. J’y vois la signature d’une conscience collective encore peu éveillée, mue par les pulsions gloutonesques et angoissées de foules en mal de gras, de sucre, de sel et de sang. Le massacre d’une barbarie sans nom qui s’opère chaque instant sur les autres êtres non-humains en témoigne. Massacre doublé d’une hécatombe chez les humains, chez qui la malbouffe a gagné la première place auprès de la grande faucheuse dans les pays industrialisés. Nos descendants verront probablement nos sociétés comme extrêmement violentes et archaïques.
Il n’empêche que l’évolution de notre espèce ne se réalisera pas sans évolution de notre alimentation, ce qui invite à l’exploration dans tous les confins possible, suivi d’un retour d’expérience, ce que je tente de faire ici.
Au-delà de l’alimentation
Finalement, la question clé ne consiste-t-elle pas à savoir quel flux énergétique nous permet de rester en vie, heureux et en bonne santé ? L’alimentation physique nous apporte une énergie contenue dans de la matière, que le corps récolte par réactions chimiques. La matière ne nous constitue pas, elle nous traverse. Comme les vagues parcourues d’eau, nous gardons une forme un certain temps durant. Cette forme s’érige, se transforme, puis se fondre de nouveau dans le Grand Océan.
Aussi je préfère me demander comment manifester et maintenir notre énergie vitale sans réduire cette question à la seule nourriture physique, de la même manière qu’on ne doit pas confondre “se déplacer” et “voiture”. Ne confondons pas la fin et les moyens. L’expérience directe, là encore, m’a montré qu’il n’existe pas de corrélation pure entre la quantité de calories absorbées et l’énergie présente par le corps. Bien d’autres facteurs de nature émotionnelle, psychique et spirituelle, jouent. Nous pouvons contrôler et réguler notre état énergétique autrement que par la seule alimentation, au travers de techniques comme la méditation et la respiration. On parle alors d’alimentation “pranique”, mais le terme ne me convient pas, car justement, il n’y a plus d’alimentation à proprement parler. Un processus autonome se met en place à l’intérieur du corps, très différent de toute sensation de “remplissage” par une source extérieure. En fait, dans cet état de conscience-là, l’extérieur et l’intérieur ne veulent plus dire grand chose. Comment peut-on dissocier la vague de l’océan ?
J’entends déjà les “impossible !” et autres indignations choquées : comment un esprit scientifique peut-il envisager d’autres options que l’alimentation physique ? Justement, l’approche scientifique consiste à explorer l’inconnu, et intégrer ce qu’on observe, sans jugement, et non à rejeter tout ce qui ne colle pas à notre actuelle carte du monde.
J’ai déjà suffisamment goûté à l’approche énergétique pour en faire une voie privilégiée de mes recherches. Je vous tiendrai au courant.
Quelques références:
- L214 : on ne les présente plus. Ils montrent les faits, rien que les faits, qui se suffisent à eux-mêmes pour démontrer l’absolue violence qui construit notre doxa.
- The 80/10/10 diet, de Doug Graham
- Earthlings: aurez-vous le courage de voir ce film jusqu’au bout ?
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