Non. Sans vouloir caricaturer, l’activisme social me montre beaucoup de gens qui réagissent à un système et qui veulent le changer. Je ne me retrouve pas dans cette dynamique.
A la réaction, je préfère la création. Je préfère imaginer et inventer quelque chose de tellement nouveau et attractif que l’ancien n’a plus besoin d’exister. Un jour il tombera tout seul de sa branche. Dans la réaction, on aboutit à ce que j’appelle une symbiose polarisée : la droite et la gauche ; le syndicat et le patronat ; le peuple et le pouvoir ; les juifs et les musulmans ; les pro-nucléaires et les anti-nucléaires ; les pro-OGM et les anti-OGM ; les écolos et les libéraux ; les 99% et le 1%, le “nous” (la norme) et les terroristes, etc. Chaque chaque côté devient le problème de l’autre, chaque côté évolue par rapport à l’autre, et donc s’enferme dans le paradigme de l’autre. Au bout du compte cela produit un corps social très stable, posé sur deux jambes en opposition.
Même si l’on ne se déclare pas d’ennemis à combattre, voir le monde comme un problème à résoudre nous place également dans une forme de réaction. On s’enferme dans l’énoncé du problème, et donc dans son paradigme. Vivre une réalité constituée comme un problème — réchauffement climatique, inégalités sociales, pollution, ignorance, consumérisme, etc — ne m’attire pas. Je me sens enfermé et limité. Et je vois la joie tomber.
J’aime faire claquer l’étincelle et faire s’ébrouer l’artiste ! J’adore faire jaillir des mondes nouveaux ! Et si dans ces nouvelles réalités les anciens problèmes ne se reproduisent plus, tant mieux.
L’art se présente de mille et une façons. Il y a les formes qu’on connaît bien : musique, écriture, peinture, danse, architecture… J’y inclus également la science. Eh oui, l’énoncé de nouvelles théories, l’imagination empirique, l’innovation technique, l’invention de nouveaux langages pour donner corps aux nouvelles réalités de notre expérience sensible… autant de formes qui jaillissent de l’être. Comme tous les arts, la science connaît l’académisme, la répétition stérile du modèle. Je crois que les gens perçoivent la science plus souvent sous cet angle-là. Cette dernière ne m’intéresse pas, j’aime la science-art, celle qui invente les nouveaux mondes.
La science, l’écriture, les arts martiaux et la musique m’envoient dans les étoiles.