De par ma recherche en intelligence collective, j’ai vite compris qu’on ne pouvait d’un côté prôner la synergie, le partage, l’unité, et de l’autre utiliser un système monétaire fondé sur la rareté, stimulant la compétition et la prédation. Voilà qui m’a ouvert les yeux : l’économie, et plus particulièrement le système monétaire sur lequel elle se fonde, constitue une partie importante de l’ADN du vivant social. Mes recherches m’ont convaincu qu’on peut créer des systèmes économiques justes, contrôlés par la société civile, transparents, pluriels, open source, qui représentent l’économie réelle. Il suffit de s’approprier et de contrôler la technologie. Seuls l’ignorance et l’obscurantisme de notre époque nous en empêchent encore.
Des idées, il fallait passer à l’action. Sur le plan extérieur, nous devenons maintenant de plus en plus nombreux à créer l’infrastructure technique de cette nouvelle économie. Voir les sites holo.host, holochain.org, metacurrency.org. Sur le plan intérieur, je ne vois pas comment je puis explorer et ouvrir des voies nouvelles si je ne m’extrais pas moi-même du système présent, au moins jusqu’à un certain degré. Je ne connais pas d’autre façon de comprendre l’emprise psychologique que l’argent opère sur la psyché humaine. Quitter l’argent me met certes en danger dans une société où tout s’achète, y compris les besoins les plus basiques tels que la nourriture et un toit. Il faut payer pour rester en vie. Tout le temps. L’expression commune “gagner sa vie” ne traduit-elle pas cette violence absolue ? Ne dit-elle pas implicitement que le droit de vivre ne s’acquiert pas par la naissance, mais qu’il doit se conquérir dans une vision belliciste du monde ? On n’imagine pas à quel point le langage commun porte en lui des idéologies archaïques aussi violentes que fausses.