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Comment j’ai fini par devenir inutile

Ce titre annonce-t-il un constat d’échec me concernant ? Pas du tout. Il y a quelques années, j’ai pris la décision de devenir inutile.

Complètement inutile.

Je veux dire par là inutilisable. Personne, pas même moi, ne peut m’utiliser comme outil, instrument, servant ou maître, groupie ou gourou, employé ou patron. Les rôles et les fonctions ne s’appliquent pas à une personne inutile.

En tant que personne inutile, je n’ai pas de planète à sauver, de cause pour laquelle me battre, d’ennemi à combattre. Je n’ai pas d’obligations morales, de responsabilités, de devoirs.

Les gens disent qu’il faut “gagner sa vie”. Mon papa et ma maman m’ont dit ça, mes grands-parents également, il y a longtemps. De même que mes profs à l’école, mon coiffeur, le gars de la station service et nos animaux politiques à la télé. Pour autant que je sache, ma vie, je l’ai gagnée à la naissance. Pourquoi devrais-je la gagner encore et encore ? Pourquoi devrais-je engager des actions spéciales telles qu’avoir un boulot pour m’acheter le droit de vivre ? Aujourd’hui je n’ai aucun travail, aucun poste, aucun titre, aucun statut social. Mon CV a fini à la poubelle. Quelle délicieuse libération !

Vous trouvez peut-être cela choquant ? Alors voici une question : pourquoi nous avons des chats et des chiens ? Pourquoi nous sentons-nous autant touchés par les enfants ? Ne goûtons-nous pas, inconsciemment et par projection, à leur délicieuse et insouciante inutilité ?

L’inutilité m’a libéré des idéologies omniprésentes nichées dans l’inconscient collectif qui imposent de justifier sans répit notre droit à exister. Ne voulons-nous pas inscrire nos actions dans une “raison de vivre” ou un “sens de la vie” cohérents ? N’aimons-nous pas revendiquer notre service envers un “but plus grand” ? Ne naviguons-nous pas dans ces océans mentaux dans lesquels nous nous voyons comme les petites parties d’un grand tout ? Nous adorons nous voir nous-mêmes comme des parties d’un tout. Peu importe qu’on l’appelle Dieu, le Kosmos, l’humanité, le Divin, la Terre Mère, la Nation, une entreprise ou une marqque… Tous indiquent un grand machin qui a ses propres intentions, ses propres lois qui nous transcendent et déterminent le sens. Là, nous n’avons plus grand chose à dire. Pas de débat, pas de démocratie, mais une grosse dictature — divine, céleste, nationale… peu importe. Nous devons simplement accepter, nous abandonner (le terme spirituellement correct — to surrender en anglais). Cet apparent conflit d’intérêt entre le Je et le Tout ne manque pas, tôt ou tard, de produire de la souffrance.

Meaning of Life - Carlos Ruas
Auteur : Carlos Ruas – http://www.onceuponasaturday.com/ 1 – “Dieu, quel est le sens de la vie ?” 2 – “Attend un instant, je vais demander.” 3 – “- Seigneur ! – Salut ! – Quel est le sens de la vie ?” 4 – “Attend une seconde, je vais demander.”

Comme Aurobindo le disait si bien, le mental voit toujours bien la partie dans le tout, mais il ne sait pas appréhender le tout dans la partie. Quand l’expérience d’exister en tant qu’univers tout entier devient l’état de conscience prédominant en moi, quand la partie et le tout se fondent l’un dans l’autre, je deviens inutile. Je deviens à la fois humain et Dieu, entité et essence, immanence et transcendance, un et tout, temporel et éternel, petit et immense, ici et partout. Mes derniers zestes d’utilitarisme n’y ont pas résisté.

En tant que personne inutile, je puis maintenant vivre ma vie d’artiste, de Dieu créateur et destructeur de mondes, d’humain passager de l’espace et du temps, pour la seule extase de l’exercice. Par un acte de blissipline (la joyeuse discipline de la grâce), se tisse le fil de Soi. Je deviens mon propre chef-d’œuvre. Il s’exprime au moyen de la recherche scientifique, par l’écriture, la musique, les arts martiaux, par le fait de faire l’idiot, de dormir, de faire l’amour, de jouer, d’embrasser un arbre ou de m’installer dans une crapuleuse paresse.

Cela me permet de vivre dans l’économie du don.

D’exister dans la vérité radicale.

De devenir mon plus beau cadeau.

De briller d’extase comme le soleil et la lune.

Chat blanc en train de domir

jf

There are 3 comments on this post
  1. Géraldine Carlier
    juin 14, 2015, 9:02

    Je choisis d’avoir le choix. Je choisis la complémentarité.
    Je choisis tout à la fois d’avoir de l’argent mais aussi de contribuer à (re)tricoter du lien social et de la fraternité en subvenant à nos besoins matériels et immatériels par du don sans contrepartie et du bénévolat organisés en système. Tous liés, tous riches sans pour autant être tous copains.
    Vous êtes utile. Je suis utile. Nous sommes utiles.
    Richesse, don inconditionnel, demandes inconditionnelles, des notions qui me parlent, des notions que je vis aussi au quotidien.
    “Les fous ouvrent des voies qu’empruntent ensuite les sages” Carlo Dossi
    “Ils ne savaient pas que c’était impossible alors ils l’ont fait” Mark Twain

  2. Marc Boucher de Lignon
    août 03, 2015, 1:49

    C’est exactement cela … le Tantra … Merci mon Frère d’être si Inutilisable … devenu immortelle suivant la formule ne s’use que si l’on s’en sert ! Nous allons donc vivre longtemps cette inutilité publique. Devenu l’Inutile publique numéro 1 je te souhaite, je nous souhaite parce que j’y glisse de plus en plus vers cette inutilité invétérée, de créer enfin ce monde inutile que l’univers attends depuis jamais …
    Avec toute ma fraternité,
    Marc

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